L’AFRIQUE RÉINVENTE SON AVENIR ENTRE ÉCONOMIE VERTE ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
On dit souvent que l’Afrique est “le continent de demain”. Une formule entendue mille fois, parfois jusqu’à l’usure. Mais que se passerait-il si ce “demain” arrivait plus vite qu’on ne l’imagine ?
Entre soleil qui brille généreusement presque toute l’année et une jeunesse qui code, invente et rêve, le continent est en train d’accélérer. Deux des moteurs de cette transformation sont l’économie verte et l’intelligence artificielle.

Économie verte et intelligence artificielle : quand l’Afrique réinvente son avenir
La taille estimée du marché de l’intelligence artificielle en Afrique pour 2025 est de 4,51 milliards de dollars. Avec un taux de croissance annuel moyen prévu de 27,42 %, ce marché pourrait dépasser les 16 milliards de dollars dès 2030.
Un tandem surprenant ? Pas vraiment. Quand la puissance du soleil rencontre la puissance des algorithmes, c’est tout un futur qui s’ouvre, durable, intelligent… et très concret pour les entrepreneurs audacieux.
Un terreau fertile pour les start-ups vertes
De Nairobi à Kigali, un souffle d’innovation parcourt le continent. Au Kenya, la légendaire “Silicon Savannah” bourdonne comme une ruche, où jeunes ingénieurs et entrepreneurs transforment les défis agricoles et énergétiques en solutions intelligentes, à l’image des pionniers de la fintech qui ont déjà changé le quotidien de millions d’Africains.
Plus à l’est, le Rwanda déploie une stratégie résolument tournée vers l’avenir, offrant un cadre réglementaire clair et une stabilité politique qui rassure investisseurs et rêveurs à la fois.
L’Égypte, enfin, forte d’un marché immense et d’un écosystème entrepreneurial en pleine effervescence, voit éclore des start-ups audacieuses dans la santé numérique, la logistique et l’économie circulaire.
Dans ce terreau fertile, les start-ups vertes trouvent non seulement de quoi s’enraciner, mais aussi l’élan nécessaire pour croître et irriguer l’avenir d’une Afrique plus durable.
L’économie verte : quand le déchet devient ressource
La transition énergétique africaine n’est pas qu’un mot à la mode. Selon une étude du Boston Consulting Group, l’économie verte va créer jusqu’à 3,3 millions de nouveaux emplois directs sur le continent d’ici 2030, dont la majorité dans le secteur des énergies renouvelables.
Cette transition s’incarne déjà dans des projets qui transforment la lumière en électricité, l’huile usagée en carburant, et parfois même les déchets en opportunités d’affaires. On n’invente rien : en Égypte, la startup Tagaddod a bâti un modèle économique solide autour de la collecte d’huiles de cuisson, recyclées ensuite en biodiesel. Résultat : un carburant plus propre, moins d’émissions de CO2 et une nouvelle filière de valeur ajoutée là où l’on ne voyait hier qu’un bidon gras.
Derrière ces histoires se dessine une réalité : l’économie circulaire, encore balbutiante en Afrique, devient un levier de compétitivité. Et pour les PME tunisiennes, qui connaissent déjà l’importance de la sobriété énergétique et de la gestion efficace des ressources, c’est une porte d’entrée évidente vers de nouveaux marchés.
L’intelligence artificielle : l’autre soleil africain
Pendant que les panneaux solaires fleurissent sur les toits des villes, l’intelligence artificielle s’installe dans les champs, les hôpitaux et même les bus. Prenons l’agriculture : en connectant données météo, capteurs et plateformes numériques, Agripredict en Zambie fournit des données heure par heure aux exploitants afin de mieux gérer leurs champs, d’anticiper les intempéries, d’optimiser l’irrigation et l’usage de produits phytosanitaires et de vendre au bon moment. Moins de pertes, plus de revenus : l’IA se fait ici jardinier numérique au service des paysans.
Dans le domaine de la santé, l’IA prend l’allure d’un médecin de poche. Au Nigeria, la startup Healthtracka propose des diagnostics à domicile et des téléconsultations médicales, accessibles via une simple application. Dans un contexte où l’hôpital le plus proche peut se trouver à plusieurs heures de route, c’est plus qu’une innovation : c’est une petite révolution.
Et que dire des transports ? Au Kenya et au Rwanda, BasiGo compte déjà une flotte de 110 bus électriques loués aux opérateurs comme un service et un réseau de bornes de recharge. En coulisses, des algorithmes ajustent consommation et itinéraires, transformant chaque trajet en leçon d’efficacité.
PME tunisiennes : le train est en marche, et il reste des places en première classe
Pourquoi les PME tunisiennes devraient-elles s’intéresser à ces histoires ? Parce qu’il ne s’agit pas de science-fiction, mais d’un marché qui se construit en ce moment même. La proximité géographique, les affinités culturelles et l’expérience tunisienne dans des secteurs comme l’agroalimentaire, la logistique ou la santé donnent un avantage certain pour s’associer à ces dynamiques africaines.
Surtout, le financement suit : les fonds verts et les programmes internationaux sont aujourd’hui friands de projets combinant durabilité et technologie. Pour une PME agile, un projet pilote bien conçu peut non seulement générer des revenus, mais aussi attirer partenaires et subventions. Bref, la fameuse “croissance verte” peut aussi avoir une couleur très concrète : celle d’un carnet de commandes qui s’épaissit.
Un chemin semé d’embûches… et de promesses
Évidemment, tout n’est pas simple. Former des équipes capables de manier l’IA, lever les capitaux nécessaires, s’adapter aux infrastructures parfois fragiles : voilà autant de défis qu’il faudra anticiper et relever.
L’Afrique a déjà prouvé sa capacité à transformer ses contraintes en laboratoire d’innovations. Si l’on peut faire voler des drones de livraison de vaccins au-dessus de collines rwandaises, pourquoi ne pas imaginer des solutions tunisiennes s’intégrant aux chaînes de valeur vertes et intelligentes du continent ?
Avec 8 000 nouveaux ingénieurs sortant des écoles chaque année, la Tunisie regorge de talents et de savoir-faire qui se marient parfaitement avec les compétences déjà développées ailleurs en Afrique, permettant de relever les challenges et de créer des opportunités inédites de collaboration et d’innovation. Le défi sera surtout de recruter et fidéliser les profils à haut potentiel qui quittent le pays par millier chaque année. Mais, cet exode signifie aussi et les Tunisiens sont prêts à franchir le pas de l’expatriation si on leur propose projet professionnel convaincant.

L’Afrique d’aujourd’hui n’attend plus demain pour se réinventer. Elle avance, éclairée par le soleil et guidée par des lignes de code. Pour les PME tunisiennes, le choix est simple : regarder passer le train ou monter à bord. Mais attention : dans ce train, la première classe est réservée à ceux qui osent s’engager tôt, qui osent tisser des partenariats, qui osent tester et innover.


